Exposition Angel Alonso Angel Alonso
L'idée de bâtir une exposition autour du travail d'Angel Alonso dont l'atelier a été pendant trente ans à Genainvilliers, près de Courville, en Eure-et-Loire, n'est dans doute pas tout à fait étrangère à celle de réparer une injustice.
Comment ce peintre dont Cioran disait, en 1987, qu'il était le "dernier peintre français" a-t-il pu sombrer dans un oubli quasi général, rompu seulement par quelques amis fidèles et quelques universitaires intellectuels, essentiellement espagnols, le reconnaissant parmi les plus grands ?
Nous sommes en présence d'un artiste qui fut l'ami très proche de deux illustres contemporains, Nicolas de Staël et Pierre Tal Coat, qui fut un peintre aussi exigeant qu'intransigeant, connu et reconnu par les plus grands collectionneurs, critiques et galeristes et qui fut sans doute l'un des hommes les plus charmeurs et séduisants que l'on puisse imaginer, un beau et doux parleur qui savait comme personne retenir l'attention de son auditoire par la force de son propos, la fermeté de ses positions et "son inimitable tempo". Et pourtant aucune exposition d'importance en France, aucun ouvrage et très peu d'articles qui lui soient consacrés.
Rien.
Le silence injuste et lourd du non-dit. C'est-à-dire ce qui reste à dire :
- Dire l'incroyable cohérence d'une oeuvre qui court sur plus de quarante ans (1950-1994). Il décidera de recouvrir de son noir charbonneux ses toiles de toutes les couleurs, qui avaient rencontré le succès lors d'une exposition tenue dans une galerie niçoise, affirmant que "décidément, la couleur est une pute"... Il a toujours exclu de peindre avec de la peinture entube achetée dans le commerce qui n'aurait pu l'amener qu'à produire "une peinture commerciale."
Jean-Marc Providence.