GALAXIES VAGABONDES Boré Ivanoff
Les Galaxies Vagabondes de Boré Ivanoff
Bore Ivanoff, artiste amoureux de Paris, se situe parfaitement dans la plus belle lignée de peintres venus de l’Europe entière depuis le début du XXᵉ siècle pour trouver l’inspiration dans cette fascinante capitale qui n’a de cesse de se placer en centre du monde de l’art. Depuis 2012, l’artiste peint principalement des vues de Paris. Il est l'un des rares peintres contemporains à oser représenter des motifs extrêmement sophistiqués et complexes, mais infiniment fascinants, qui sont des reflets en miroir, capturés sur des surfaces vitrées urbaines, Au premier contact visuel avec les œuvres de Bore, le spectateur est frappé par la sensation d'un chaos figuratif et chromatique... et en même temps, on sent intuitivement, on est convaincu que ces œuvres ont leur spécificité, leur complexité esthétique, leur ambiguïté, leur extrême sophistication, leur raffinement, leur intelligence, et surtout, ils sont la pure représentation d'une inintelligibilité énigmatique. Des œuvres qui sont un refus ultime de se réconcilier avec la banalité, une sorte de défense contre le misérabilisme enraciné du monde moderne, pathologiquement conformiste. Les peintures de Bore sont baroques et sursaturées au point d'exploser, où l'œil du spectateur n'a nulle part où s'arrêter et se reposer, ressentant une abondance visuelle et chromatique, intrusive et vertigineuse. Leur caractère anamorphique et hallucinatoire, ainsi que leur extrême flexibilité de suggestivité, sont des éléments cruciaux de leur ambiguïté. L'artiste manipule les formes et les couleurs et réinvente la réalité pour la rendre subtilement abstraite, mais toujours reconnaissable. Dans ses compositions où intérieurs et extérieurs s'entremêlent et semblent indissociables, Boré expérimente et explore les frontières du réel. Il utilise la distorsion de la réalité à travers les réflexions comme outil pour recontextualiser cette réalité. C'est pourquoi ses peintures ne s'accrochent plus à la représentation irritante et conventionnelle d'un motif reconnaissable, mais s'échappent dans une nouvelle fiction ambiguë, la rendant intemporelle. Une œuvre qui ne représente ni une entité physique ni métaphysique en dehors d'elle-même et résiste à toute tentative de la placer dans les catégories existantes. Avec son travail de collages, il explore, en artiste exigeant et prolifique, son champ des possibles où les images deviennent calligraphies aussi puissantes dans leur esthétisme que dans leur signification. Parfaitement irrévérencieuse, jouant avec les codes de l’imposture et de la provocation toute dadaïste, sa toile se couvre d’un foisonnant collage d’images de notre culture contemporaine, où divertissement, consumérisme parfois absurde, érotisme, et autres icônes populaires se mélangent dans une hyperdensité, telles des écritures de notre civilisation moderne, rédigées en lignes serrées comme sur le manuscrit d’un écrivain pris dans l’urgence de son texte. Juxtaposées ainsi, les images créent des sortes de crépitements visuels où l’œil se repère pour mieux se perdre dans ce trop presque outrancier, mais où la couleur et le symbole trouvent leur place et s’équilibrent. En s’approchant de ces œuvres, en se libérant peu à peu des références immédiates au mouvement Dada, au situationnisme et autres mouvements expressionnistes, un étrange sortilège s’opère : les toiles de Bore Ivanoff sont comme une invitation à parcourir les sphères visuelles de notre intime comme une porte ouverte vers la galaxie, immense et en perpétuel mouvement, de nos rêves, de nos pensées immédiates, majeures, mineures, obsessionnelles, honteuses, superficielles, fantaisistes, paradoxales, contradictoires, invasives. Bore Ivanoff invite à regarder avec lui ce dont la société contemporaine nous nourrit. En pêcheur de perles et attrapeur de rêves, sa toile devient le filet où il capture nos visions fugitives, notre mémoire et nos souvenirs, nos marqueurs d’histoires, grandes et petites, qui posent à leur manière notre architecture de la pensée. Qui ou quoi habite notre mémoire, nos pensées ? La force de l’artiste est d’en apporter sa vision et sa réponse. Le poète français Paul Valéry disait justement que l’artiste est celui qui est capable de montrer ce que les hommes n’avaient pas su voir jusqu’à présent… Bore Ivanoff pose sur ses toiles, en témoin de son temps, le reflet d’un certain état intérieur engendré par notre civilisation. Un riche chaos ou au sens noble du terme, « une esthétisation du monde », concept développé par Gilles Lipoveski et Jean Serroy dans l’essai éponyme. L’artiste interroge en posant sa tendre ironie et son espièglerie de créateur libre, et propose de chercher à chacun une réponse : l’apparent chaos issu de notre civilisation moderne où se promènent nos imaginaires est justement celui dont ils se nourrissent de tout et tout en même temps. Notre époque permet peut-être le petit miracle de notre civilisation auquel Bore rend hommage à travers ses œuvres : le rêve et le don d’ubiquité… dans le temps et dans l’espace. Bore Ivanoff mène une carrière internationale dynamique avec ses œuvres exposées dans plusieurs pays d'Europe et incluses dans différentes collections, publiques et privées. Il est représenté par la galerie "Marie de Holmsky" à Paris 6ᵉ et la galerie "Cygne Noir" à Tours.