François Gall, le peintre du bonheur
Exposition
Gratuit
Peinture

Le peintre du bonheur François Gall (1912-1987)

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Vernissage
jeu 21 Mar 2024, 18:30

Galerie Les Montparnos
5 rue Stanislas
75006 Paris
France

Comment s'y rendre ?

En ce premier jour du printemps, la galerie Les Montparnos est ravie de présenter une cinquantaine d’œuvres, huiles, gouaches et dessins, du peintre François Gall (1912-1987), figure hongroise de l’école de Paris.

 

Pour cette occasion, un beau catalogue sera publié et disponible à la galerie.

 

« Vous êtes le peintre du bonheur » c’est ainsi que le célèbre affichiste Raymond Savignac désignait François Gall dans l’une de ses lettres au peintre.

 

Le peintre sculpteur, céramiste Gáll Ferenc est né en Transylvanie hongroise à Kolozsvár. Après des études dans sa ville natale, puis Rome, il arrive à Paris en 1936, déjà nanti de Prix, mais pour tout bagage que deux mots, comme deux piliers fondateurs de sa vie à venir : Paris et la Liberté. Dans la capitale française il entre aux Beaux-Arts et suit les cours de peinture d’André Devambez puis de Charles Guérin. Ses débuts de peintre sont marqués par les préoccupations sociales de l’époque : les grévistes, la faim, la rue, les réfugiés, l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale. Sa toile du pain pour le peuple, exposée au Salon des artistes français, témoigne de la crise du pain de 1947 et lui vaudra la médaille d’or.

 

Peintre de Montmartre et Montparnasse.

 

Fini tristesse, bonjour Paris !

 

Naturalisé français en 1949, François Gall faisait partie de ces artistes de Paris qui avaient la double nationalité d’être à la fois de Montmartre et de Montparnasse. À Montparnasse, il s’installe avec sa famille dans la maison avec atelier de la Villa Brune du peintre Jules-Emile Zingg. Il réconcilie alors les deux buttes, qui revendiquent la naissance de l’art moderne. C’est alors le Paris des grandes amitiés et rencontres décisives. Recherché pour ses portraits, il réalise entre autres ceux du fauve Othon Friesz, Dunoyer de Segonzac, Kisling, Edith Piaf, Roland Dorgelès, Maurice Chevalier... Et le temps de nombreuses poses Villa Brune, il signera le portrait de France Gall en 1967 pour le Salon des Peintres Témoins de leur temps. Ce sera Paris sa ville, le Quercy d’Eugénie son épouse, la Normandie et la Bretagne où il acquiert à Pont-Aven sa casquette de marin qu’il ne quitte plus.

 

Les beaux jours.

 

Après la guerre, en 1946, il rencontre Eugénie, ils auront trois enfants : Marie-Lize, Jean-François et Elisabeth-Anne. Un peintre, avec trois enfants à nourrir dans ce Paris de l’après 1945, il n’est plus question de jouer, il faut vendre, et il vend bien, notamment ses scènes parisiennes. Il n’est plus le peintre des scènes difficiles. À l’instar de Kees Van Dongen qui passe d’un fauvisme cru à sa période dite «cocktail», François Gall devient le peintre de Paris : il aborde, après une période sociale, une œuvre aux couleurs revenues. C’est en Suisse, galerie Pro Arte, qu’il sera présenté comme peintre du groupe de « la réalité poétique », résolument figuratif et humaniste dans un monde où domine l’abstraction. Il développe alors les thèmes épousant sa vie personnelle, d’une grande variété, et sa famille va lui offrir ses modèles les plus naturels. Ce sera aussi les rues de la capitale, ses monuments, de la Seine aux scènes de cafés, les jours de courses à Longchamp, les dimanches ensoleillés au jardin du Luxembourg, parcs Monceau, Montsouris, les danseuses, les femmes à la toilette, les nus des Beaux-Arts, puis invariablement Eugénie, l’atelier, le piano, les amis... François Gall aimait mettre en valeur l’éclat de la féminité, choisissant la couleur en fonction de la robe ou du chapeau du jour.

 

En 4x3m affichées dans les grandes rues de Paris, les expositions succèdent dans les galeries chez Durand Ruel, André Weil, Bernheim, Wally Findlay. Il est un peintre connu et reconnu en France et à l’étranger.

 

Un maître mot : Élégance.

 

Sans être mondain, mais toujours tiré à quatre épingles en extérieur, quittant sa vareuse rouge de Honfleur, Gall croque les portraits des personnalités en vogue mais surtout ceux de ses filles, son fils Jean- François, et Eugénie. Dans l’atelier, à la terrasse de La Rotonde à Montparnasse ou lisant dans l’herbe au soleil. Les difficultés financières ne se laissent pas voir. Coûte que coûte, il faut tout donner à la peinture et travailler sans cesse. Le peintre devient un maître reconnu de la couleur, elle est sa marque. Il y a peut être dans celle-ci l’empreinte de sa Hongrie natale. Désormais les rouges et verts se mêlent aux fameux rouges et bleus. La couleur révèle une sensualité, avec une intensité et une joie que rien ne pourra désormais ébranler. L’artiste n’est cependant pas épargné dans sa vie d’homme. En 1980, sa fille Elisabeth-Anne décède dans un accident de voiture à l’âge de 24 ans. Sur les toiles, et pour toujours, elle est immortalisée dans la lumière. L’œuvre devient le refus du chaos.

 

Avec Gall c’est le printemps et l’été qui posent.

 

Avec force et éclats, de la palette aux toiles, en tonalités douces : les roses de Gall, les verts, les jaunes, les blancs, les bleus intenses se déposent comme autant d’inoubliables soleils. Un soleil intérieur caressant les êtres et le monde. Le peintre a trouvé une texture unique dans ses couleurs, exprimant une densité de tendresse et de profondeur. C’est un voile délicieux qui se pose sur les corps. Une brise légère accompagne le rythme et la pulsation de l’époque. Un ruban colore les noirceurs du monde. Le peintre tient le caractère sauvage, parfois féroce de la matière, il la dompte pour la transformer, l’apprivoiser en douceur et suavité. Matière, formes et volumes, un charnel sans brutalité se donne et se laisse deviner au regard, sous un voile de suggestion et d’intuition. 
 

La pose c’est la quiétude du modèle, de face, de profil ou de dos, dans le secret de la toile. C’est l’instant de l’attente, le rêve, la sérénité après l’effort, la retenue de l’éternité face à la fuite des heures. Quelques notes de piano : est-ce du jazz, une Rhapsodie de Liszt, des phrases de Schuman ou Schubert ? De la partition au miroir, quelques pas de danses, ou ces poèmes, de Verlaine, de Mallarmé, ou d’Eugénie. Textes murmurés dans les verts d’un pré. Robe rouge, bleue ou jaune. Les chapeaux disent qu’il fait beau. Les nus racontent des printemps. Avec François Gall, c’est désormais et pour toujours l’été de la peinture sur la toile. Raymond Savignac avait raison : «Vous êtes le peintre du bonheur […] et nous l’avions oublié ».

 

Chez Durand-Ruel, Bernheim, Findlay, et maintenant chez Les Montparnos !