MA ROBE EST PALESTINIENNE Abdullah Hawash
Du 24 novembre 2022 au 24 janvier 2023 au sein du square Catteau – 30 Rue Rémy Cogghe, Roubaix – Entrée gratuite de 9:00 à 17:00 de novembre à mars.
Vernissage jeudi 24 novembre à partir de 18:30 à El Cagette – 5 rue de la Providence – Roubaix
Cet accrochage au sein de l’écrin de verdure du Square Catteau* est issue du travail d’Abdullah Hawash, architecte, designer d’intérieur et photographe palestinien. Son ambitieux projet intitulé Ma robe est palestinienne est destiné à réhabiliter la broderie en tant que patrimoine artisanal constitutif de l’identité de la Palestine. Au fil du projet, ce sont 100 jeunes femmes de 100 pays différents qui ont été photographiées vêtues de robes brodées dans différents lieux historiques de Palestine.
Présentée dans le cadre de 2022 année des textiles du monde à Roubaix en partenariat avec Ville de Roubaix – Association France-Palestine Solidarité, Le Philistin et El Cagette.
Lire la broderie, raconter la Palestine
La broderie est une technique d’ornementation qui consiste à ajouter sur un fond préexistant, le plus souvent du tissu, un décor cousu au moyen de fils de couleurs et de textures variées. Ce savoir-faire est très répandu en Orient et a une valeur symbolique particulièrement importante dans les communautés palestiniennes. Transmises de génération en génération, les broderies palestiniennes trouvent leurs sources dans les traditions religieuses ancestrales. Elles sont constituées d’un ensemble de significations traduites en couleurs et en motifs qui diffèrent en fonction des régions et racontent l’histoire de chaque village, de ses croyances et de ses mythes. Si le rouge domine la plupart des robes palestiniennes, ses nuances changent d’une région à l’autre et les distinguent. Les couleurs utilisées permettent également de traduire la situation sociale des femmes qui les portent. Dans la région de Beersheba, le mariage se lit dans le rouge, le veuvage dans le bleu, et le désir de remariage par une association de plusieurs couleurs. La broderie se fait alors manuscrit, tissu de signes à déchiffrer, véritable matière textuelle propre à raconter les individus, leur histoire, leur terre.
Un outil de revendication identitaire
En traduisant les particularités locales et une identité d’État forte, loin des images médiatisées de guerre et de destruction, la broderie en tant que patrimoine palestinien est mise au service de la résistance culturelle. Après la Nakba* et la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël en 1948, elle est devenue un véritable outil de revendication identitaire face aux tentatives de spoliations patrimoniales. Cette réappropriation culturelle se lit à travers l’usage contemporain qui est fait de la broderie. Sur la scène artistique, elle est une source d’inspiration pour de nombreux artistes et créateurs palestiniens. Dans son usage quotidien, elle est largement portée par les femmes lors des célébrations rituelles, culturelles et familiales. Plus qu’une tradition millénaire, elle continue ainsi d’investir si bien la sphère sociale, qu’artistique et militante.
* Ce terme signifie en arabe “catastrophe” ou “désastre”. Il fait référence à l’exode de la population arabe palestinienne qui se produisit pendant la guerre israélo-arabe de 1948.