Photographier les jardins de Monet Group Show
Le musée des impressionnismes Giverny est un lieu d’un important dialogue entre peinture impressionniste et photographie contemporaine. En 1863, année de la mort de Delacroix, de la création du Salon des refusés et de la réforme de l’École des Beaux-Arts, l’Académie des beaux-arts refuse d’accorder le statut d’art à la photographie, au grand dam des photographes Gustave Le Gray, Édouard Baldus, Henri Le Secq ou Charles Nègre. Il faut attendre l’Exposition internationale de photographie de Paris de 1892 pour que ce medium soit enfin reconnu.
Les travaux de ces précurseurs de la photographie artistique ne sont pourtant pas étrangers à l’émergence d’une « nouvelle peinture ». Ils entraînent un questionnement sur la nécessité du réalisme dans la représentation de la nature qui a influencé la démarche des impressionnistes. Ils inspirent en même temps, par leurs cadrages, par leur rendu de la lumière naturelle, la jeune génération d’artistes qui émerge dans les années 1860-1870. Cette problématique de la restitution des perceptions subjectives de l’artiste, initiée par le groupe des impressionnistes, inspire à son tour le mouvement pictorialiste au tournant du siècle. Robert Demachy, Constant Puyo ou Ferdinand Coste cherchent à imprimer leur sensibilité sur leurs clichés. Ces liens originels entre la peinture impressionniste et la photographie expliquent la démarche du musée des impressionnismes Giverny, qui cherche à mettre en regard Impressionnisme et production contemporaine.
Nous avons ainsi proposé à cinq artistes photographes contemporains – Darren Almond, Elger Esser, Henri Foucault, Bernard Plossu et Stephen Shore – de présenter leurs tirages exécutés entre 1977 et 2014. Leur inspiration n’est pas nécessairement impressionniste mais l’objet même de leur travail entraîne immanquablement des résonances avec l’œuvre du maître de Giverny.
