Renaissance sauvage : la perspective symbiotique Exposition collective
La galerie Jousse Entreprise a le plaisir d’annoncer le vernissage de l’exposition collective Renaissance Sauvage : la perspective symbiotique le samedi 18 novembre, de 16h à 21h, en présence du commissaire de l’exposition Guillaume Logé. L’exposition se prolongera jusqu’au 13 janvier 2024. (fermeture du 22 décembre 2023 au 2 janvier 2024 inclus).
Avec Art Orienté Objet (Marion Laval-Jeantet & Benoît Mangin), David Bihanic, Michel Blazy, Clément Borderie, David Christoffel, Edith Dekyndt, Laurent Derobert, Claude Gilli, Jérémy Gobé, Andy Goldsworthy, Victoire Inchauspé, Susan Jacobs, Chloé Jeanne, anne marie maes, Ariane Michel & Céleste Boursier-Mougenot, Valérie Mréjen, Luc Petton, Tomás Saraceno, Niccolò de Martinelli, dit il Trometta, Jean-Luc Vilmouth, Yang Zhichao.
Pourquoi peut-on parler de l’émergence d’une nouvelle forme de perspective en art, quelque six cents ans après les théorisations de la perspective linéaire de la Renaissance des XVe et XVIe siècles qui ont ouvert la voie de la modernité ? Quelles sont les caractéristiques de cette nouvelle perspective ? De quelles façons est-elle intimement liée au contexte écologique que nous connaissons ? Que dit-elle de notre époque et qu’ouvre-t-elle comme horizons ?
La réponse approfondie à ces questions se trouve dans un article tout juste publié dans la revue La pensée écologique [en ligne[1]] repris dans un livret publié et disponible à la galerie[2].
Le contexte est celui d’une « Renaissance sauvage » dont nous observons aujourd’hui les premières manifestations. Notre livre Renaissance sauvage. L’art de l’Anthropocène (Puf, 2019) en explique la genèse, son esprit et commente différents exemples. La « perspective symbiotique » est la forme de perspective associée à ce basculement possible de civilisation. Comme toute perspective, elle témoigne d’une certaine manière de voir et se traduit en méthode de construction d’une œuvre. Elle accouche d’un nouvel espace et de nouveaux rapports. Loin de se limiter à un terme technique, la perspective, peut-être comme aucun autre instrument, parle du monde, de sa dynamique de fond et de son avenir.
Pour le dire brièvement, le paradigme de la perspective linéaire (que l’on pourrait nommer « perspective moderniste ») repose sur une approche mathématique du réel et sur l’adhésion à une certaine conception de la place et du pouvoir de l’homme sur Terre. La perspective symbiotique change de référentiel scientifique et philosophique. Les sciences et philosophies de l’environnement la nourrissent en même temps qu’une remise en cause de l’anthropocentrisme propre à la modernité. Au plus simple, la perspective symbiotique désigne la sollicitation de forces créatrices plurielles dans la réalisation d’une œuvre. L’individu n’est plus au centre, décideur et mesure de toutes choses, imposant sa volonté à une nature inerte. Il cherche les moyens de collaborer avec ce qu’il découvre de vie et d’élan hors de lui.
La perspective symbiotique touche aux questions écologiques les plus sensibles, parmi lesquelles : comment considérer notre place et notre rôle sur Terre ? Comment aborder le vivant (ou, plus généralement, le mouvant) et travailler avec lui ? Comment comprendre et se mettre à l’écoute de la diversité agissante de la nature ? Comment accueillir et faire s’exprimer les formes d’intelligences et de sensibilités non-humaines ? Ou encore : comment donner voix et présence à ce qui, pendant trop longtemps, a été condamné à l’invisibilité ou au mépris ? Comment cohabiter et aménager un devenir durable en communauté avec tous les autres êtres et entités qui peuplent la planète ? Quel est l’écart entre collaborer et manipuler ? Comment recueillir le consentement et l’action des autres-que-nous ? Etc.
L’exposition explore différentes déclinaisons de la perspective symbiotique dans les créations de quelque vingt artistes. Bien que présentée de façon non chronologique, elle se situe en regard du canon de la perspective linéaire par la présence d’un dessin de Niccolò Martinelli (dit Il Trometta, ca. 1540-1611). Elle rappelle que certains artistes du XXe siècle ont amorcé le changement de paradigme, notamment Claude Gilli (1938-2015) et Jean-Luc Vilmouth (1952-2015) ici représentés.
Ruinart a soutenu les artistes Chloé Jeanne et Jérémy Gobé dans le cadre de son mécénat et a passé une commande artistique à Tomás Saraceno en 2021.
[1] https://lapenseeecologique.com/la-perspective-symbiotique/#_ftnref77
[2] Guillaume Logé, La perspective symbiotique. Une nouvelle forme de perspective en art, Paris, Galerie Jousse Entreprise, 2023.
Merci aux artistes pour le prêt de leurs oeuvres. Merci également à la galerie Anne-Sarah Bénichou, galerie neugerriemschneider (Berlin), galerie Paul Prouté, galerie Art : Concept, galerie Greta Meert (Bruxelles), galerie Lelong & Co.