Unit of Silence Henrik Samuelsson
Les espaces architecturaux vides des peintures récentes d'Henrik Samuelsson ont quelque chose d'étrange. Prenons l'exemple de Refugium I : une composition symétrique, plate et frontale, où un escalier encadré par des murs mène à une grande fenêtre d'où brille une lumière blanche et dure, laissant le mur environnant sombrement rétro-éclairé. Il n'y a aucune trace de vie ou d'activité humaine. Au lieu de cela : un sentiment de silence et d'immobilité, voire de mystère. La lumière de la fenêtre ressemble à celle d'un écran de cinéma sur lequel aucune image n'a été projetée. N'y a-t-il rien dehors ? Seulement le ciel ? Les deux tableaux, Untold et None, sont plus larges que les autres, proches d'un rapport cinémascope. Dans None, une fenêtre fait écho à la forme de la toile. Comme dans de nombreux tableaux, l'espace est divisé de manière symétrique. Sachant que les peintures ont été réalisées pendant la pandémie, nous pouvons les considérer comme des méditations sur une sorte de vide post-apocalyptique, teinté d'un sentiment de mélancolie. Un refuge est un endroit où une espèce presque éteinte a réussi à survivre. Pour Samuelsson, son studio a été un refuge pendant les jours incertains de la pandémie. Un endroit paisible. Un lieu de contemplation. Les images de Samuelsson sont soigneusement construites à partir de systèmes de proportions et de théories des couleurs. Il n'est pas nécessaire de connaître les principes de ces systèmes pour avoir l'impression qu'ils sont là - des systèmes qui soustendent la construction d'une image - et non la représentation de quelque chose dans le monde réel. Ce sont des utopies au sens étymologique du terme, des "non-lieux", mais pas nécessairement des lieux idéaux. Elles peuvent également être considérées comme des dystopies. Refugium III représente une architecture qui pourrait être un temple ou une sorte de monument, ou encore un tombeau. En tout cas, elle semble avoir une fonction symbolique, peutêtre religieuse, non utilitaire. Comme dans un tableau de Piero della Francesca, l'architecture, l'utilisation disciplinée de la perspective et les motifs de formes et de couleurs les rapprochent de l'art abstrait. Les carreaux de sol en perspective sont un motif que les artistes partagent. Entre abstraction et réalisme, il pourrait s'agir d'une scène de théâtre. Dans La Flagellation du Christ de Piero della Francesca (vers 1455-65), le Christ et ses bourreaux se trouvent étrangement à l'arrière-plan, encadrés par une architecture classique en perspective stricte. Les inventions de la Renaissance en matière de peinture à l'huile et de perspective ont permis un réalisme qui nie la surface plane du tableau, transformant celui-ci en une fenêtre à travers laquelle on peut voir une scène, un paysage, un autre monde. Les peintures de Samuelsson, dont une grande partie de la surface représente des murs plats, rappellent également un peintre minimaliste comme Barbro Östhlin. Il explore ainsi à la fois les principes fondamentaux de la peinture et les questions existentielles que les espaces vides inspirent.
Magnus af Petersen