Bernar Venet on the road
Bernar Venet réalise avec Arc Majeur, la sculpture la plus imposante d'Europe. Un projet vieux de plus de 30 ans, en passe de devenir réalité sur l'autoroute E 411, tout près de la ville belge de Rochefort. Le monstre d'acier corten, financé par la société CMI, annonce ainsi 60 m de haut au compteur pour un poids de 250 tonnes.
Km 99... Bien loin de Nice et de l'Ecole de Nice où il a vu le jour, bien loin de sa fondation du Muy et de son studio américain, c'est du côté de la Belgique, sur l'autouroute E 411 que Bernar Venet est en train d'assembler la sculpture la plus haute d'Europe. Du haut de ses 60 m, elle dépasse ainsi de très loin le précédent record de 21 m, établi par Marino di Teana à Fontenay-sous-Bois. Le budget de l’opépations, estimé à 1,5 M€ ne fait pas l'unanimité dans l’opinion publique, appelant plutôt à réparer les routes de belgique qu’à y placer une sculpture.
La Désaffection française ?
Bernar Venet nous a habitués depuis lontemps à ses sculptures monumentales. Son Arc de 115°5 et ses 9 Lignes obliques sont aujourd'hui les incontournables de la promenade des Anglais. Mais c'est bien à l'étranger que l'artiste, parti aux Etats Unis dans le sillage d'Arman et du Nouveau Réalisme a bâti sa réputation et construit sa carrière : avec le marché et sans l'aide des institutions publiques françaises. Ce projet, imaginé sous la présidence de François Mitterrand et l'impulsion de Jack Lang a eu la vie difficile. A l'époque, le sculpteur fréquente Guy Rottier, un architecte niçois connu pour ces projets fantasques et qui, sans en avoir l'air, a étél'aide de camp du Corbusier et surtout, le chef de chantier de la Cité radieuse. Bernar Venet conçoit alors deux installations d'envergure. La première des deux, finira par voir le jour à Versailles en 2011, grâce à l'appui de Jean-Jacques Aillagon, alors à la tête du musée de Versailles ; le second consiste à investir les mortes rives d'un espace routier en y installant un Arc. D'abord prévu pour être installé sur l'A6 près d'Auxerre, Bernar Venet travaille pendant 7 ans au projet sans qu'il puisse voir le jour : les rivalités politiques et les aternoiements ont raison du projet. Il se réveille quelques années plus tard, mais on parle alors de peindre la sculpture de Venet en rouge. Après quelques négociations, la sculpture semble devoir trouver un nouvel asile sur l'A31, près de l'aire de Thionville. On pense alors rendre hommage à l'industrie lorraine. Nouvel échec ! Au final, c'est la Belgique, à travers Cockerill Maintenance et Ingénierie (CMI) et son PDG, Bernard Serin, que naît le dénouement.
La Fondation Cockerill et l'Art
Bernard Serin, PDG de CMI et Président du Football club de Metz, est un fan de Bernar Venet depuis de nombreuses années. C'est au cours d'une de leurs rencontres en 2014 qu'il propose son aide à Venet. Il n'en faut pas plus aux deux hommes pour se lancer et obtenir l'accord du gouvernement belge. Actuellement en production au Centre d'Expertise Soudage du groupe CMI, l'oeuvre comporte trois caissons qui seront assemblés sur place. Cette réalisation est l'occasion d'une magnifique donation à la région wallonne, permettant également à la Fondation Cockerill de célébrer le bicentenaire de l'arrivée de l'industriel John Cockerill à Seraing. Comme quoi, nul n'est prophète en son pays...