Affiche exposition Robert Malaval, Galerie Contemporaine des Musées de Nice, 1982
Affiche pour l'exposition Robert Malaval créée à partir de l'oeuvre Massacre à Créteil, Galerie Contemporaine des Musées de Nice, 1982.
Exposition
Gratuit
Peinture

Paillettes Robert Malaval

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Vernissage
ven 7 mai 1982, 18:30

Galerie Contemporaine des Musées de Nice
59 Quai de Etats-Unis
06000 Nice
France

Comment s'y rendre ?

En parallèle à l'exposition Marylin-Mao-Dollars d'Andy Warhol qui se tient à la Galerie des Ponchettes, la Direction des Musées de Nice a décidé de consacrer une exposition à l'autre star du Pop Art qu'est Robert Malaval. 

 

Au programme de l'exposition, les Paillettes de Malaval. Son aventure artistique - de l'Aliment Blanc aux Paillettes multicolores - a été une perpétuelle remise en question, à la fois des valeurs qui régissent notre société, mais aussi de son propre travail, de la fonction et du rôle de l'artiste, refusant toujours les compromis qui auraient pu faire de lui une des illustrations de l'artiste arrivé, de l'artiste qui a réussi.

 

En 1961, après avoir fui le monde dans l'arrière-pays niçois, où il éleva des vers à soie, Robert Malaval invente l'Aliment Blanc, matériau vivant, lente germination blanchâtre issue de ses Reliefs et de l'observation des sécrétions de la chenille du Vombyx, symbole de l'envahissement de notre vie quotidienne. Dans le feu du Nouveau Réalisme naissant, l'Aliment Blanc enfle, submerge, dévore tout ce qu'il touche, tout ce qu'il approche, du sucrier au prie-dieu, en passant par le fauteuil Louis XV.

 

Le succès est foudroyant, entretenu par l'arrivée du Pop Art en France et par quelques marchands qui le fêteront. Malaval se taille alors un personnage de Pop-star à sa mesure, vêtu de blanc, n'absorbant que de la nourriture blanche. Ce sera pour lui une période de vie intense où, après avoir lu les écrits de Warhol, il dira : "J'ai décidé de réussir et pour cela il faut faire du spectacle".

 

Il dessine alors des projets utopiques, tels que l'aménagement du Parc de Saint-Cloud où il imagine un parcours géant d'Aliment Blanc, ou les maquettes pour un Carnaval de Nice qui lui serait consacré (Notes pour une tentative de renouvellement du Carnaval par l'Aliment Blanc).

 

Mais la contestation sociale de Malaval, qui passait par le statut d'artiste, se reconnaît un peu trop dans les idées véhiculées par la foule qui défile dans le Paris de Mai 68. Il décide alors de ne plus faire ce que l'on attend de lui, de ne plus se répéter. Il arrête de peindre et part au Maroc à la recherche d'un autre lui-même.

 

Le retour est difficile. Passionné de plus en plus par la musique, il devient chanteur d'un groupe de Rock avec qui il prépare un disque qui ne verra jamais le jour. Puis il s'intéresse à l'enregistrement des sons naturels (vent, mer, oiseaux, etc...) et réalise l'exposition  "Transat - Marine - Campagne", transposition de la plage à la ville, sable sur le sol du CNAC, vent dans les rideaux, chaises longues, flippers et juke-boxes, le tout sonorisé par la mer et ses oiseaux.

 

Cette idée lui plaît, il développe alors ses projets d'aménagement de parcs, veut sonoriser le métro avec des chants de grillons, et couvrir le bruit des voitures à la Défense par le bruit des vagues.

 

Il réalisera alors des séries de dessins tels Eté pourri Peinture fraîche ou Multicolor, où la peinture est délibérément simple, joyeuse et colorée.

 

Puis, toujours dans ce souci d'utiliser des matériaux nouveaux, il est le premier, dès 1973, à couvrir ses toiles de paillettes, créant des oeuvres de plus en plus violentes et colorées aux noms de Kamikaze fin du monde, Sulfurick Rock ou Kamikaze Rock.

 

Ces peintures, de plus en plus rapides, l'amènent à les exécuter sur scène, en public, comme un show musical, tout d'abord à l'occasion d'une vente aux enchères, puis enfin lors du grand show de Créteil où il peint quarante toiles devant un public ahuri, à grands jets de peinture et de soufflerie à paillettes.

 

"Si l'on me demandait le peintre que je préfère, je répondrais Beethoven", dit-il un jour lors d'une interview. Car, pour Malaval, le champ de la peinture n'est pas déterminé d'une manière précise. Il ne peut être qu'intimement mêlé à la vie et à ses excès.

 

Et Malaval ne s'en est pas privé. Toute sa vie, il a été hors des limites permises, arrêtant de peindre ou changeant de style au faîte de sa gloire, bouleversant les valeurs établies, voulant tout essayer, tout connaître, tout transformer.

 

En juillet 1980, il dit à son fils Christophe "La note arrive, j'ai bien vécu et je n'ai pas envie de payer l'addition".

 

Au début du mois suivant, il se tire une balle dans la tête, sur l'air de Blanck Generation de Richard Hell. Une dernière fois, il n'accepta pas l'ordre des choses.