Nazaréens

Nous sommes en 1809. Le Romantisme a pris ses marques et l'Europe est en quête de nouvelles racines culturelles et identitaires. Deux jeunes artistes viennois, Franz Pforr et Johann Friedrich Overbeck, à l'instar quelques années plus tôt de la Secte des Barbus, en appellent à une autre inspiration : elle ne sera pas antique mais chrétienne. Bientôt rejoints par d'autres élèves de l'Académie de Vienne, Ludwig Vogel, Johann Konrad Hottinger, Josef Wintergerst et Joseph Sutter, ils s'habillent et se coiffent à la manière des personnages bibliques peints par les primitifs italiens, et se voient bientôt affublés, par dérision, du nom de Nazaréens. Ensemble, ils créent Lukasbund, c'est-à-dire la Confrérie de Saint-Luc. Fra Angelico, Raphaël et Dürer deviennent des maîtres absolus et les peintres ajoutent à chaque oeuvre un Saint-Luc dans une arche portant les lettres HWP-OVS -Hottinger, Wintergest, Pforr, Overbeck, Vogel, Sutter -, une épée et une torche de vérité dans les angles hauts du tableau et au centre, un grand W pour Wahrheit, c'est-à-dire "vérité".
Cette filiation médiévale et religieuse assumée leur permet de s'émanciper du néoclassicisme. L'année suivante, ils font le voyage pour Rome où ils forment une sorte de phalanstère monacal dans Le monastère abandonné de San Isodoro.

Les Nazaréens auront une influence concrète majeure sur l'Ecole de Lyon et sur le Préraphaélisme anglais.