La 2e Biennale de Paris est ouverte : le groupe de Recherche d'Art Visuel
signale :
1° La platitude et l'uniformité des oeuvres exposées.
2° La lamentable situation de dépendance de la "Jeune Génération".
3° La soumission absolue de la "Jeune Peinture" aux peintres consacrés. Nous espérons là qu'il s'agit d'une crise de croissance.
4° L'inconséquence et l'inconscience chez les exposants et organisateurs des caractères réels de la vie où l'homme de notre temps est plongé.
Constate :
1° L'altération flagrante de ce qui fut un acte de rébellion, fossilisé actuellement dans une répétition continue.
2° La consécration officielle et intéressée de tendances actuellement dévitalisées.
3° Que rien n'a été fait pour informer le public de toutes les préoccupations de l'Art actuel.
4° Que dès sa seconde année d'existence, la Biennale de Paris est déjà enfermée dans une formule comparable à celle des salons anodins (Salon d'automne, Salon de Mai, Comparaisons, Réalités Nouvelles).
5° Que le seul aboutissement logique du courant officialisé de l'Art est désormais le Geste Superbe des Néo-Dadaistes (le dernier en date est l'envoi à l'Exposition "Nouvelle Tendance" de Zagreb d'une boîte de conserves étiquetée en 5 langues "Merde d'artiste, poids net 200 grammes").
affirme :
1° Que de jeunes peintres de nombreux pays ont de nouvelles préoccupations, autres que celles que nous offre la Biennale.
2° La notion de l'Artiste Unique et Inspiré est anachronique.
3° La réalité plastique doit cesser de se placer toute entière dans un moment éphémère tel que :
a) le moment de la réalisation de l'oeuvre ou sa propre réalité,
b) le moment de l'émotion du spectateur
4° L'oeuvre stable, unique, définitive, irremplaçable, va à l'encontre de l'évolution de notre époque.
5° Que doit cesser la production en exclusivité pour :
l'oeil cultivé
l'oeil sensible
l'oeil intellectuel
l'oeil esthète
l'oeil dilettante.
L'OEIL HUMAIN est notre point de départ.
6° La réalité plastique doit être placée dans la Relation existant entre l'objet et l'oeil humain.
7° La recherche de l'oeuvre définitive mais pourtant précise, exacte et volontaire.
8° Le rapport entre l'oeuvre et l'oeil humain crée lui-même des situations visuelles nouvelles et l'oeuvre n'existe que dans ce rapport.
9° Chaque oeuvre doit avoir une part de possibles et une instabilité qui provoque des mutations visuelles après l'achèvement.
10° La forme, considérée jusqu'à présent comme une valeur en soi et utilisée avec des caractéristiques particulières devient un élément anonyme.
11° Les relations entre les éléments acquiert ainsi une homogénéité pouvant créer des structures instables, seulement perçues dans le champ de la vision périphérique.
LE GROUPE DE RECHERCHE D'ART VISUEL AFFIRME EGALEMENT
que contrairement à la 2e Biennale de Paris,
le phénomène artistique commence à sortir de ses limitations (esthétique traditionnelle, création individuelle) et que à l'égal des nouveaux courants de la pensée, il s'appuie sur des bases nouvelles.
Nous sommes directement concernés par des préoccupations telles que : physique de la vision, nouvelle méthode d'approximation, possibilité combinatoire, statistiques, probabilités, etc...)
A Paris, septembre 1961
Groupe de Recherche d'Art Visuel, 9, rue Beautrillis, Paris,-4e.