G.R.A.V

Mis pour Groupe de Recherche d’Art Visuel, le G.R.A.V naît à la faveur des années 60 sur une quête d’un art qui accèderait enfin à une fonction sociale dans une interaction avec le public. Proche du Cinétisme et créé en 1961, dissout en 1968, il fait la part belle aux matériaux contemporains apparus dans les années 60 et joue ainsi avec la lumière, le mouvement et les persistances rétiniennes. D'abord nommé Centre de Recherches d'Art Visuel, nom au sujet duquel Joël Stein écrira "Nous nous sommes vite aperçus que nous n'étions le centre de rien", le G.R.A.V doit aussi sa création au groupe Motus, un premier essai non concluant, impliquant toujours Horacio Garcia, Julio Le Parc, François Morellet, Francisco Sobrino, Joël Stein, Jean Pierre Yvaral.

Membres du G.R.A.V.
GRAV exposition spectacle environnement, Maison de la culture, Grenoble, 1968
Principales expositions

Une journée dans la rue, Paris, 1966, le GRAV (1960-1968) après le GRAV, Galerie Lélia Mordoch, Paris 1999.

Textes fondateurs
Assez de Mystifications

La 2e Biennale de Paris est ouverte : le groupe de Recherche d'Art Visuel

signale :
1° La platitude et l'uniformité des oeuvres exposées.
2° La lamentable situation de dépendance de la "Jeune Génération".
3° La soumission absolue de la "Jeune Peinture" aux peintres consacrés. Nous espérons là qu'il s'agit d'une crise de croissance.
4° L'inconséquence et l'inconscience chez les exposants et organisateurs des caractères réels de la vie où l'homme de notre temps est plongé.

Constate :
1° L'altération flagrante de ce qui fut un acte de rébellion, fossilisé actuellement dans une répétition continue.
2° La consécration officielle et intéressée de tendances actuellement dévitalisées.
3° Que rien n'a été fait pour informer le public de toutes les préoccupations de l'Art actuel.
4° Que dès sa seconde année d'existence, la Biennale de Paris est déjà enfermée dans une formule comparable à celle des salons anodins (Salon d'automne, Salon de Mai, Comparaisons, Réalités Nouvelles).
5° Que le seul aboutissement logique du courant officialisé de l'Art est désormais le Geste Superbe des Néo-Dadaistes (le dernier en date est l'envoi à l'Exposition "Nouvelle Tendance" de Zagreb d'une boîte de conserves étiquetée en 5 langues "Merde d'artiste, poids net 200 grammes").

affirme :
1° Que de jeunes peintres de nombreux pays ont de nouvelles préoccupations, autres que celles que nous offre la Biennale.
2° La notion de l'Artiste Unique et Inspiré est anachronique.
3° La réalité plastique doit cesser de se placer toute entière dans un moment éphémère tel que :
a) le moment de la réalisation de l'oeuvre ou sa propre réalité,
b) le moment de l'émotion du spectateur
4° L'oeuvre stable, unique, définitive, irremplaçable, va à l'encontre de l'évolution de notre époque.
5° Que doit cesser la production en exclusivité pour :
l'oeil cultivé
l'oeil sensible
l'oeil intellectuel
l'oeil esthète
l'oeil dilettante.

L'OEIL HUMAIN est notre point de départ.

6° La réalité plastique doit être placée dans la Relation existant entre l'objet et l'oeil humain.
7° La recherche de l'oeuvre définitive mais pourtant précise, exacte et volontaire.
8° Le rapport entre l'oeuvre et l'oeil humain crée lui-même des situations visuelles nouvelles et l'oeuvre n'existe que dans ce rapport.
9° Chaque oeuvre doit avoir une part de possibles et une instabilité qui provoque des mutations visuelles après l'achèvement.
10° La forme, considérée jusqu'à présent comme une valeur en soi et utilisée avec des caractéristiques particulières devient un élément anonyme.
11° Les relations entre les éléments acquiert ainsi une homogénéité pouvant créer des structures instables, seulement perçues dans le champ de la vision périphérique.

LE GROUPE DE RECHERCHE D'ART VISUEL AFFIRME EGALEMENT

que contrairement à la 2e Biennale de Paris,
le phénomène artistique commence à sortir de ses limitations (esthétique traditionnelle, création individuelle) et que à l'égal des nouveaux courants de la pensée, il s'appuie sur des bases nouvelles.
Nous sommes directement concernés par des préoccupations telles que : physique de la vision, nouvelle méthode d'approximation, possibilité combinatoire, statistiques, probabilités, etc...)

A Paris, septembre 1961

Groupe de Recherche d'Art Visuel, 9, rue Beautrillis, Paris,-4e.

TRANSFORMER L'ACTUELLE SITUATION DE L'ART PLASTIQUE

Le Groupe de Recherche d'Art Visuel vous invite à démystifier le phénomène artistique, à réaliser une union des efforts afin de clarifier la situation et d'établir de nouvelles bases d'appréciation. Le Groupe de Recherche d'Art Visuel es composé de peintres qui placent leurs efforts dans la recherche continue et la réalisation visuelle des premières données de base tendant à éloigner l'art plastique des conventions. 
Le Groupe de Recherche d'Art Visuel croit utile de donner son point de vue, bien que celui-ci ne soit pas définitif et appelle des analyses ultérieures et d'autres confrontations.

Propositions générales du groupe de recherche d'art visuel :

RAPPORT ARTISTE SOCIETE
Ce rapport est actuellement basé sur :
L'artiste unique et isolé
Le culte de la personnalité
Le mythe de la création
Les conceptions esthétiques ou anti-esthétiques surestimées
L'élaboration pour l'élite
La production d'oeuvres uniques
La dépendance au marché de l'art

1 propositions pour transformer ce rapport
Dépouiller la conception et la réalisation de l'oeuvre de toute mystification et les réduire à une simple activité de l'homme. 
Rechercher de nouveaux moyens de contact du public avec les oeuvres produites.
Eliminer la catégorie "oeuvre d'art" et ses mythes.
Développer de nouvelles appréciations.
Créer des oeuvres multpliables.
Rechercher de nouvelles catégories de la réalisation au-delà du tableau et de la sculpture.
Libérer le public des inhibitions et des déformations d'appréciation produites par l'esthétisme traditionnel, en créant une nouvelle situation artiste-société. 


RAPPORT OEUVRE-OEIL
Ce rapport est actuellement basé sur :
l'oeil considéré comme intermédiaire
Les sollicitations extra-visuelles (subjectives ou rationnelles)
La dépendance de l'oeil à un niveau culturel et esthétique

2 propositions pour transformer ce rapport
Eliminer totalement les valeurs instrinsèques de la forme stable et reconnaissable soit :
La forme idéalisant la nature (art classique).
La forme représentant la nature (art naturaliste)
La forme synthétisant la nature (art cubiste)
La forme géométrisante (art abstrait constructiviste)
La forme rationalisée (art concret)
La forme libre (art abstrait informel, tachisme), etc.
Eliminer les rapports arbitraires entre les formes (rapport de dimensions, d'emplacements, de couleurs, de significations, de profondeurs, etc...)
Déplacer l'habituelle fonction de l'oeil (prise de connaissance à travers la forme et ses rapports) vers une nouvelle situation visuelle basée sur le champ de la vision périphérique et l'instabilité. 
Créer un temps d'appréciation basé sur le rapport de l'oeil et l'oeuvre transformant la qualité habituelle du temps.

VALEURS PLASTIQUES TRADITIONNELLES
Ces valeurs sont actuellement basées sur l'oeuvre :
unique
stable
définitive
subjective
obéissant à des lois esthétiques ou anti-esthétiques

3 propositions pour transformer ces valeurs
Limiter l'oeuvre à une situation strictement visuelle.
Etablir un rapport plus précis entre l'oeuvre et l'oeil humain.
Anonymat  et homogénéité de la forme et des rapports entre les formes.
Mettre en valeur l'instabilité visuelle et le temps de la perception.
Chercher l'OEUVRE NON DEFINITIVE,
mais pourtant exacte, précise et voulue.
Déplacer l'intérêt vers les situations visuelles nouvelles et variables basées des constantes issues du Rapport oeuvre-oeil.
Constater l'existence de phénomènes indéterminés dans la structure et la réalité visuelle de l'oeuvre et à partir de là, concevoir de nouvelles possibilités qui ouvriront un nouveau champ d'investigations.

A Paris, le 25 octobre 1961.
Garcia Rossi, Le Parc, Morellet, Sobrino ; Stein, Yvaral du GROUPE DE RECHERCHE D'ART VISUEL

Artistes associés

Horacio Garcia Rossi, Julio Le Parc, François Morellet, Francisco Sobrino, Joël Stein, Jean Pierre Yvaral.

Artistes à rapprocher

Vladimir Akulinin, Giovanni Aneschi, Ernst Benkert, Galina Bitt, Davide Boriani, Tatiana Bystrova, Gianni Colombo, Mikhail Dorokhov, Vladimir Galkin, Alexander Grigorjev, Francis Hewitt, Francisco Infante-Arana, Viacheslav Koleichuk, Gyula Kosice, Anatolij Krivchikov, Juri Lopakov, Mieczkowski, Herbert Garcia Miranda, François Molnar, Véra Molnar, Julio Moyano, Ed Natalia Prokuratova, Viacheslav Scherbakov, Viktor Stepanov, Georges Vantongerloo, Grazia Varisco, Victor Vasarely, Gabriele De Vecchi, Rimma Zanevskaya.

Courant, mouvement, lieu à rapprocher

Centre de Recherche Art Visuel, Motus.

Livres d'art en vente
SobrinoMonographieSobrino
120 €